Accélération : les PME-ETI ouvrent leurs usines aux start-up industrielles

Dans le contexte de réindustrialisation post-Covid, les start-up, qui créent des produits innovants, ont la cote. Des entreprises montent des structures en interne pour les accompagner, lancer leur production et, si affinités, les racheter. Un échange gagnant-gagnant.

Les start-up industrielles se multiplient. Elles sont les nouvelles coqueluches de la French Tech. Dans un contexte de réindustrialisation, accélérée par la pandémie, ces jeunes pousses, financées par les plans France Relance puis France 2030, captent la lumière auparavant concentrée sur les seules pépites du numérique.

Open Innovation

« L’enjeu est de faire en sorte que ces start-up produisent en France plutôt qu’en Asie, en s’appuyant sur le tissu des PME-ETI locales », avance Guillaume Mortelier, directeur exécutif de Bpifrance. La banque publique en a dénombré 1.900 dans l’Hexagone en 2022. Et parmi les 76 usines inaugurées, 35 ont été créées par des start-up.​« Des entreprises de Strasbourg, Montpellier ou Paris nous ont contactés pour mettre en place leur propre accélérateur », glisse le responsable d’Axandus.

Le pas de deux est parfois très fructueux. EFI Automotive​a ainsi monté en 2015 avec le spécialiste du textile innovant Brochier Technologies​, un joint-venture, Lighting solutions​, pour produire des éléments lumineux dans l’habitacle. « Mais c’est toujours un pari. Sur toutes les start-up qu’on a accompagnées, l’entreprise n’a utilisé que huit projets innovations », décrit Jean-Baptiste Yvon.

« Nous ne sommes pas intéressés seulement par la technologie de ces start-up, mais aussi par leurs méthodes de travail, leur agilité, leur politique RSE. Cela challenge nos processus », rapporte Jean-Cédric Prouvost, vice-président stratégie et diversification chez Sercel​, en parlant de l’accélérateur interne créé il y a six ans et calqué sur le modèle Axandus.

Cette ETI nantaise de 1.500 salariés et 247 millions d’euros de chiffre d’affaires (95 % à l’export), filiale de CGG, conçoit des équipements sismiques utilisés pour explorer les sols. Deux personnes détachées de Sercel ont accompagné une trentaine de start-up, pour un chiffre d’affaires oscillant « entre 500 euros et 1 million d’euros » par an. « Notre département de R&D va chercher ce qu’on lui dit de chercher. Ici, c’est plus ouvert. On est dans l’open innovation », analyse Jean-Cédric Prouvost.

« Marché très actif »

Depuis deux ans, la start-up Temo produit chez Sercel ses propulseurs électriques nautiques, après avoir mis au point son concept avec l’industriel. « Nous sommes intéressés par les moyens de communication, les capteurs, mais on se laisse libre de travailler avec des start-up éloignées de notre domaine », souligne Stéphane Dallet, responsable de l’accélérateur de Sercel.

Comme avec Enercool​, qui fait de la peinture anti-chaleur, ou AMBPR​, qui produit des robots de peinture pour les chantiers navals, et dont Sercel a pris 70 % du capital. Cela peut aller plus loin, comme avec le rachat, le mois dernier, de la pousse grenobloise Morphosense, spécialisée dans l’instrumentation, que Sercel accompagnait depuis six ans.

Chez Bosch, à Marignier (Haute-Savoie), fabricant historique de directions assistées (500.000 par an) pour l’automobile, l’appel du pied aux start-up industrielles a été lancé il y a deux ans. Pour pallier la fin des directions hydrauliques, le site, qui emploie 200 personnes, a converti pour 1,5 million d’euros une partie de l’usine en lieu d’assemblage pour des entrepreneurs. Le reste continue à fabriquer les directions électriques.

Aujourd’hui, à raison de quelques milliers de pièces par an, il produit les scooters des neiges électriques de MoonBikes, les radiateurs intelligents de Lancey Energy Storage, et démarre cet été les climatiseurs bas carbone de Caeli Energie et les barbecues de Montvel. « A terme, cette sous-traitance représentera la moitié de notre chiffre d’affaires », vise Grégory Challamel, directeur du site, qui n’a aucun mal à trouver cette nouvelle clientèle sur « un marché des start-up industrielles devenu très actif ».

Source : Echo Business

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